Présidentielle USA : Qui sera élu ce mardi entre HARRIS et TRUMP? sept questions pour comprendre ce système électoral

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C’est aujourd’hui mardi 5 novembre 2024 que les Américains vont aux urnes pour élire le prochain ou la prochaine locataire de la maison. Il y a cependant sept questions pour comprendre le système électoral américain.

Inscrit dans la Constitution de 1787, le système électoral américain élaboré par les Pères fondateurs met en place un gouvernement central tout en garantissant des mécanismes de contre-pouvoirs aux citoyens et États pour éviter toute dérive autoritaire. La Constitution assure également un équilibre des pouvoirs entre les États moins peuplés et ceux plus denses. Ce mode de scrutin indirect, initialement réservé aux riches propriétaires blancs, a progressivement évolué à partir de 1870, après la Guerre civile. Si des amendements successifs ont établi la reconnaissance du droit de vote des minorités ethniques, religieuses ou de genre, celui-ci est régulièrement mis à mal par une partie de la classe politique, menaçant les principes démocratiques des États-Unis.

Comment est élu le président des États-Unis ?

L’élection présidentielle américaine est un mode de suffrage universel indirect. Elle se déroule tous les quatre ans, le mardi qui suit le premier lundi de novembre. Ce jour-là, les citoyens américains ne votent pas directement pour le candidat à la présidence du parti politique qu’ils ont choisi, mais désignent les 538 grands électeurs qui forment le Collège électoral. Ce sont eux qui, à la mi-décembre, élisent le candidat à la Maison-Blanche : celui qui remporte au moins 270 voix des grands électeurs est élu Président des États-Unis. Les résultats sont certifiés début janvier de l’année suivante par le Congrès et depuis le 20e amendement à la Constitution en 1933, le nouveau Président prend ses fonctions le 20 janvier, jour appelé « Inauguration Day » (« Jour d’investiture »), sauf si ce dernier tombe un dimanche.

Qui peut se présenter à la présidence ?

Pour être candidat à la présidence – et à la vice-présidence – des États-Unis, il faut avoir au moins 35 ans, être citoyen américain de naissance et avoir résidé au moins 14 ans dans le pays. Un président sortant ne peut se représenter qu’une seule fois, la magistrature suprême étant limitée à deux mandats.

Qui a le droit de vote aux États-Unis ?

Le droit de vote aux États-Unis a évolué au cours de l’histoire. Alors qu’il était réservé aux hommes blancs propriétaires au moment de la Constitution américaine de 1787, plusieurs amendements ont étendu les droits électoraux à certaines minorités après la guerre de Sécession. Ainsi, en 1870, le XVe amendement accorde le droit de vote à tout homme sans discrimination « pour des raisons de race, couleur, ou de condition antérieure de servitude ». Cet amendement est en partie contesté, notamment par les États du Sud qui prennent des mesures pour priver les Afro-américains de leurs droits civiques et assurer la « suprématie blanche ».

Il faut attendre 1965, quand le président démocrate Lyndon B. Johnson signe le Voting Rights Act interdisant toute restriction raciale du droit de vote. Mais ce droit est mis à mal par les Républicains en 2011 quand se profile la « menace » de réélection du président Barack Obama. En 2013, l’affaire Shelby County v. Holder va contester la légitimité constitutionnelle de la Section 5 de la loi de 1965 qui protégeait le droit de vote en empêchant la mise en place de toute procédure discriminatoire. Depuis, chaque État est libre de réinstaurer ses propres règles en termes de droit de vote, sans avoir à en référer au gouvernement fédéral, et la discrimination à l’égard des électeurs des communautés de couleur a augmenté de façon exponentielle. Plus encore, la nomination à la Cour suprême, pendant le mandat de Donald Trump, de trois nouveaux juges conservateurs, rend tout recours très compliqué.

Comment se déroule le processus électoral ?

C’est un long processus en cascade qui débute au mois de janvier de l’année électorale et qui dure jusqu’à l’été précédant l’élection générale de novembre. Dans le système électoral américain, chaque État décide de ses propres règles : la date et la méthode de scrutin (vote anticipé, en personne ou par courrier), l’organisation des primaires et caucus, les exigences d’identification des électeurs, etc.

Au moment des élections primaires ou des caucus, organisés par chacun des deux partis, les citoyens désignent leur candidat à la présidence ainsi que les grands électeurs qui lui sont affiliés. Si plusieurs candidats d’un parti sont en compétition, le vote du Super Tuesday, qui a lieu au mois de mars, peut donner l’avantage à l’un d’eux. Pendant l’été, Démocrates et Républicains organisent leurs conventions nationales. Ces évènements à grand spectacle visent à officialiser le candidat à la présidence ainsi que son colistier à la vice-présidence – un duo appelé le « ticket » –, et à afficher un parti fort et uni. Les deux candidats poursuivent ensuite leur campagne jusqu’à la veille de l’élection générale de novembre.

 

Qu’est-ce que le Collège électoral ?

Le Collège électoral désigne l’ensemble des 538 grands électeurs qui élisent le président et le vice-président des États-Unis. Le nombre de grands électeurs par État correspond au nombre d’élus de cet État au Congrès – le Sénat et la Chambre des représentants –, à savoir deux sénateurs et un nombre de députés proportionnel à sa population. La Californie, l’État le plus peuplé, compte 55 grands électeurs, alors que l’Alaska n’en a que trois. Mais sur les trois, il y a deux sénateurs qui permettent de lui donner plus de poids politique au Congrès.

Lors du vote populaire de novembre, l’Election Day, les citoyens choisissent ainsi les grands électeurs affiliés au candidat qu’ils soutiennent. Mais la notion de vote populaire s’arrête là, car la majorité des États a opté pour le principe du « Winner-take-all » (« Le vainqueur emporte tout »). Seuls le Maine et le Nebraska utilisent un système proportionnel.

Cette méthode, une particularité américaine, permet au candidat ayant recueilli la majorité des suffrages de gagner la totalité des grands électeurs alloués à cet État. C’est de cette manière que George W. Bush l’emporte face à Al Gore en 2000, puis Donald Trump face à Hillary Clinton en 2016, alors que cette dernière avait récolté près de 3 millions de voix de plus lors du vote populaire. Les États-Unis sont le seul pays démocratique où le perdant du vote populaire peut gagner l’élection présidentielle.

 

À quoi correspondent les « Swing States » (« États clés ») ?

Les deux partis historiques, Républicains et Démocrates, dominent la vie politique des États-Unis depuis le XVIIIe siècle. Ainsi, l’affiliation politique pour l’un ou l’autre parti est acquise dans la majorité des États, représentés par la couleur rouge pour les Républicains, bleu pour les Démocrates. Mais il reste certains où aucune tendance politique se dégage, c’est ce qu’on appelle les « Swing States », les « États clés ». Avec le dispositif du « Winner-take-all » du Collège électoral qui peut faire basculer l’État en faveur de l’un ou l’autre candidat, ces États clés prennent alors toute leur importance dans l’enjeu de la course à la présidentielle. Ce sont donc dans ces États-là que les deux candidats vont concentrer leur campagne électorale.

Le nombre de « Swing States » varie d’une présidentielle à l’autre. En 2024, il y a sept États clés à conquérir : la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin, la Caroline du Nord, la Géorgie, le Nevada et l’Arizona.

 

Que se passe-t-il en cas de litige sur les résultats ?

En cas de contestation, les États concernés peuvent relancer le comptage des voix. Si les désaccords persistent, ils peuvent être portés devant les tribunaux. En 2000, la Cour suprême est intervenue en Floride lors du contentieux entre Al Gore et George W. Bush, scellant la victoire de ce dernier.

Article de RFI du 4 novembre 2024