« Le patrimoine culturel congolais de face à la politique coloniale », thème au centre de la conférence débat animée par le Professeur Cheikh OYOKO HAMZATI HAMZA de la faculté des sciences sociales administratives et politiques de l’université de Kisangani. C’était ce jeudi 11 septembre 2024 en l’amphithéâtre de cet alma mater.
Cette matinée scientifique a mis un accent particulier sur la restitution des biens des Wangwana ( NDLR : les arabisés) confisqués par la Belgique lors de la colonisation.
Cependant, il y a un certain nombre des défis à relever avant la restitution du patrimoine culturel congolais acquis par la Belgique pendant la colonisation. Son analyse questionne les problèmes culturels actuels auxquels fait face la République Démocratique du Congo en l’occurrence le manque d’une politique culturelle constante dans la gouvernance des biens culturels.
Il se consacre alors à la problématique d’une (ré)appropriation des biens culturels à la fois présents au pays et ceux acquis par la Belgique durant la colonisation sur deux grands axes.
D’un côté, la question de la réappropriation est posée pour parer à la menace permanente de vol et/ou de trafic d’arts africains en général et congolais en particulier.
Le professeur Cheikh OYOKO HAMZATI HAMZA s’appesantit sur le sort à réserver à la gestion des biens culturels congolais pour éviter un cercle vicieux conduisant à leur perte pour des collections privées.
D’un autre côté, le problème d’accueil à réserver aux patrimoines culturels congolais est posé en insistant sur la dénaturation de leurs usages rituels et spirituels qui pourraient ne plus s’accommoder au changement local des repères sociaux.
Cet enseignant à la F.S.S.A.P / UNIKIS ajoute que cette mutation pose un défi aux Etats en termes des politiques publiques de revalorisation et de désaliénation culturelles.
Constatant les changements des repères sociaux accentués par les systèmes de domination occidentale et orientale affectant la structure et la fonctionnalité de l’Etat africain vis-à-vis des politiques culturelles ; Il propose enfin une réécriture de la politique culturelle de façon globale pour une interculturalité capable de ménager une zone d’expression des héritages culturels congolais face aux défis d’acculturation et d’aliénation des peuples.
Se confiant à la presse, le professeur Cheikh HAMZA OYOKO HAMZATI declare ; » Nous avons montré comment la politique coloniale a marginalisé les valeurs culturelles de la communauté arabisée jusqu’à la diaboliser et même moment les colonisateurs étaient en train de récupérer les patrimoines culturels importants au niveau de cette communauté pour l’amener chez eux en Europe. C’est pourquoi nous avons dit dans notre communication que nous voulons un dialogue avec la communauté coloniale qui est représentée jusqu’aujourd’hui à des réparations voire à des restitutions« .
Et d’ajouter : » Nous sommes déjà victimes d’une guerre. Quelle guerre encore nous allons créer ? Nous comprenons que ce n’est pas dans la guerre que nous allons gagner. Il faut aller dans un débat scientifique avec des preuves et alors dégager la bonne politique. »
Outre l’orateur, le Professeur Cheikh OYOKO HAMZATI HAMZA, cette conférence scientifique dont la modération a été assurée par le Professeur Nicolas MOMBAYA de la faculté des lettres et sciences humaines avait comme discutant le Docteur KING LOMBEYA BOINDA de la faculté des sciences sociales administratives et politiques de l’université de Kisangani. Ce dernier est revenu sur le sort réservé à la gestion des biens culturels congolais pour éviter un cercle vicieux conduisant à leur perte pour des collectes privées
JR ALAFU DJUMA/ FROK