Les fondements religieux des droits de l’Homme : appel universel à la dignité humaine ( Tribune de CT Christophe Kondanga, Vice-gouverneur honoraire)

Redaction
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Dans un monde où les inégalités, les injustices et les violations des droits de l’homme semblent faire partie intégrante du quotidien, il devient urgent de rappeler que la dignité humaine, comme principe fondamental des droits de l’homme, trouve ses racines dans des fondements religieux et philosophiques universels. Ce rappel trouve une résonance particulière à l’heure où le droit à la paix, au respect de la vie et à la liberté individuelle s’avère plus que jamais un combat global.

Le respect de la dignité humaine n’est pas simplement une valeur morale issue des préoccupations modernes, mais bien un principe profondément ancré dans la tradition religieuse et philosophique mondiale. Comme l’a souligné le doyen René Degré Segul, « le postulat de la dignité humaine bénéficie du suffrage unanime de tous les courants de pensée, des philosophies, des morales, autant que des religions ». Cette assertion est plus qu’une simple observation; elle témoigne de l’universalité de la dignité humaine, qui transcende les frontières de croyances et de cultures.

L’enracinement religieux de la dignité humaine

Dans la tradition chrétienne, la Genèse, premier livre de la Bible, fonde l’idée que l’homme est créé à l’image de Dieu. « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance », déclare le Créateur (Genèse 1 et 2, Ancien Testament). Cette déclaration ne se limite pas à un acte de création mais énonce un principe essentiel : l’homme, porteur de l’image divine, possède en lui une dignité inaliénable. Cette dignité est confirmée dans le Nouveau Testament par le mystère de l’Incarnation, où Dieu, en la personne de Jésus-Christ, prend forme humaine pour incarner la valeur divine de l’homme. Ainsi, chaque être humain, indépendamment de sa condition, est honoré par cette image divine.

La religion musulmane, quant à elle, renforce ce principe fondamental de dignité. Le Saint Coran y proclame l’égalité essentielle de tous les hommes, indépendamment de leurs origines, de leur statut ou de leur croyance. « Il nous a créés d’un seul être », déclare le Coran (Sourate 4:1). Cette unité de la création rappelle que la dignité humaine ne se divise pas, et que toute atteinte à la vie d’un être humain constitue une offense à l’humanité entière. Un verset du Coran nous dit : « Celui qui tue une âme est comme s’il avait tué tous les hommes » (Sourate 5:32), soulignant l’importance absolue du respect de la vie humaine.

La philosophie bouddhiste, dans sa quête de l’égalité et de la compassion, va même plus loin. Elle enseigne que la dignité humaine n’est pas réservée aux seuls humains, mais qu’elle englobe tous les êtres vivants. Le principe de non-violence (ahimsa) préconisé par Gandhi, qui a fait de la non-violence un dogme sacré, est une extension de cette pensée : « Nous sommes tous taillés dans le même patron, mépriser un seul humain, c’est mépriser le divin qui est en nous. »

La déclaration universelle des droits de l’homme : Une synthèse universelle

Dans son texte fondateur de 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, se fait écho de ces principes universels. « La reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde », stipule la Déclaration. L’importance de ce texte réside dans le fait qu’il fait écho à l’idée selon laquelle les droits de l’homme ne sont pas octroyés par une quelconque autorité, mais qu’ils sont inhérents à la nature humaine elle-même.

Dans une perspective plus large, ces droits fondamentaux, tels que la vie, la liberté et la recherche du bonheur, sont les pierres angulaires sur lesquelles reposent toutes les démocraties modernes. Selon Thomas Jefferson, l’un des Pères fondateurs des États-Unis, ce ne sont pas les gouvernements qui accordent ces droits, mais plutôt les gouvernements sont créés pour les protéger. Ces droits, que l’on pourrait qualifier de droits naturels, sont dus à chaque individu par la seule nature de son existence. Ils sont inaliénables, et aucune société, ni aucun gouvernement, ne peut y porter atteinte sans commettre une grave injustice.

Pensée et Action : Un appel à l’Engagement

Aujourd’hui, face aux dérives de certains régimes politiques et aux défis posés par la globalisation, il est crucial de rappeler que la paix et la dignité humaine ne doivent pas être considérées comme des privilèges accordés par un État, mais comme des droits inaliénables qui relèvent de notre nature même. Les droits de l’homme, dans leur acception la plus noble, sont un appel à la solidarité, au respect mutuel, et à l’engagement des nations et des individus à promouvoir la paix et la justice.

C’est dans cette optique que chaque acteur politique, chaque citoyen et chaque leader, à l’instar des philosophes des Lumières, doit non seulement prôner ces valeurs mais aussi les incarner au quotidien. La dignité humaine ne sera véritablement protégée que lorsque la paix sera considérée comme un droit fondamental, un droit sacré, et non comme une option conditionnée par des intérêts particuliers.

À travers l’adhésion à ces principes universels, nous pouvons bâtir un monde plus juste, plus équitable et, surtout, plus respectueux de la dignité humaine.

Christophe Kondanga Lemonde, Chef de travaux, Vice-gouverneur honoraire de la province du Bas-Uele